Mais oui je songe encore à vous. Mon épaule et vos bourrades, Nos rires partagés de fous, Nos tristesses et nos bravades Et dans les chansons fredonnées Tout bas dans nos solitudes On se foutait bien du passé, Nos lendemains sans certitudes Nos ivresses faussaient nos chants, Hurlés à s'en péter la voix, Nos courbatures d'adolescents Fuyaient par magie, chaque fois. Nos amours, nous n'en parlions pas, Ou si peu; elles sonnaient la cloche De la fin de ces récrés là, Et l'éveil de nos anicroches. Nos vieilles amours, mes frères, Nos premiers émois où sont-ils ? Nos hésitantes bergères, Et nous engoncés de puéril, Nimbés de nos maladresses, Qui sont tellement touchantes Devant l'usure des caresses Des jeunesses finissantes. Hou hou! douces et fiers amis! Oui la rime est masculine, Je le sais, ce n'est plus admis… Pardonnez moi, je m'incline. Je n'ose dire: vieilles amies, J'entends encore leurs colères. Quoi? on n'est pas encore pourries! Elles avaient un fin caractère… Voilà que de nous je sourie, Les bon gars, les jolies filles Qui ont ma jeunesse réjoui, Bien avant que je m'habille De sécurité matérielle, D'amours vaines à déchirer. Et l'insouciance vénielle? Dans la poussière du grenier. J'ai longtemps hésité à dire Des je t'aime, c'était trop fort… Ce soir je le dis d'un sourire: Je crois bien vous aimer encore.
|