Moi,de mes huit frères,je suis l'aîné, j'aime les quais,j'aime les rives; mon bateau sillonne la méditerranée et comme c'est moi le timonier, je ferai tout pour qu'il dérive, en pays basque,vers ce petit port, là où les monts épousent l'aurore. Car,vois-tu,ma belle "éden", faut qu'il se repose un capitaine, souvent l'équipage lui fait des siennes surtout quand il est au"féminin". Je profiterai alors de mon quart de veille pour lui enlever la bague de l'orteil, lui faire comme-ça un petit câlin, puis caresser, au dessous des hanches, cette peau si douce,ces traces blanches que laisse l'été son maillot de bain. Moi,je suis l'artiste,je suis Mohamed, j'ai grandi loin de mes parents, je m'essayais aux vers,je parlais au vent et ma grand-mère,la maman d'Ahmed, qui avait aux joues des tatouages, qui était sévère,qui était très sage, quand elle me serrait doucement la main, quand elle me tendait ce bout de pain, m'apprenait à lire tous les messages. C'est pourquoi,ma chère chimère, s'il faut la faire cette drôle de guerre où deux égoïstes croisent le fer, à ton mousquet qui point ne rate, j'alignerais mon arquebuse et même l'épée de mon aïeul! elle est si fine,elle est si plate qu'elle fend,d'un coup,une cornemuse ! Je fus chaudronnier,je connais la meule , le chalumeau,la bouteille d'acétylène , le bruit strident de l'outil qu'on affûte j'ai forgé le fer,j'ai plié la tôle mais j'ai aussi,mon capitaine , visité hadley Chase , sa culbute Monsieur Zola, son"assommoir , Saint-Lazare , ses chauds trottoirs, les chambres roses de la place d'armes et ce vin doux des Montserrat désemplissait mon âme des larmes. Je rêvais d'armure,rêvais de glaive. Qui t'a donc dit,mon capitaine , toi qui te parfumes à "l'Ode-au-rêve" que j'aime,moi,qu'on me cajole ou que si l'envie,un jour,me prend d'éviter tous ses tourments, je souhaiterais qu'on me retienne ? (sept.2002)
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