Poème Extraordinaire 3 vus 3 Coeurs 17/04/2005 Auteur : |
LE COUVENT
I.
En fines lettres d'or chaque nom des couvents
Sur les portes s'enroule, autour de banderoles,
Noms charmants chuchotés par la lèvre des vents ;
La maison de l'amour, la maison des Corolles,
Oh! le silence heureux de l'ouvroir aux grands murs,
Où l'on entend à peine un bruit de banc qui bouge,
Tandis qu'elles sont là, suivant de leurs yeux purs
Le sable en ruisseaux blonds sur le pavement rouge
C'est un charme imprévu de leur dire " ma soeur "
Et de voir la pâleur de leur teint diaphane
Avec un pointillé de taches de rousseur
Comme un camélia d'un blanc mat qui se fane.
Rien d'impur n'a flétri leurs flancs immaculés,
Car la source de vie est enfermée en elles
Comme un vin rare et doux dans des vases scellés
Qui veulent, pour s'ouvrir, des lèvres éternelles
II.
Cependant quand le soir douloureux est défunt,
La cloche les appelle à complies
Comme si leur prière était le seul parfum
Qui pût consoler Dieu dans ses mélancolies !
Tout est doux, tout est calme au milieu de l'enclos ;
Aux offices du soir la cloche les exhorte,
Et chacune s'y rend, mains jointes, les yeux clos,
Avec des glissements de cygne dans l'eau morte.
Elles mettent un voile à longs plis : le secret
De leur âme s'épanche à la lueur des cierges,
Et quand passe un vieux prêtre en étole on croirait
Voir le Seigneur marcher dans un jardin de Vierges !
Et l'élan de l'extase est si contagieux,
Et le coeur à prier si bien se tranquillise,
Que plus d'une, pendant les soirs religieux,
L'été répète encore les " Ave de l'église ".
En fines lettres d'or chaque nom des couvents
Sur les portes s'enroule, autour de banderoles,
Noms charmants chuchotés par la lèvre des vents ;
La maison de l'amour, la maison des Corolles,
Oh! le silence heureux de l'ouvroir aux grands murs,
Où l'on entend à peine un bruit de banc qui bouge,
Tandis qu'elles sont là, suivant de leurs yeux purs
Le sable en ruisseaux blonds sur le pavement rouge
C'est un charme imprévu de leur dire " ma soeur "
Et de voir la pâleur de leur teint diaphane
Avec un pointillé de taches de rousseur
Comme un camélia d'un blanc mat qui se fane.
Rien d'impur n'a flétri leurs flancs immaculés,
Car la source de vie est enfermée en elles
Comme un vin rare et doux dans des vases scellés
Qui veulent, pour s'ouvrir, des lèvres éternelles
II.
Cependant quand le soir douloureux est défunt,
La cloche les appelle à complies
Comme si leur prière était le seul parfum
Qui pût consoler Dieu dans ses mélancolies !
Tout est doux, tout est calme au milieu de l'enclos ;
Aux offices du soir la cloche les exhorte,
Et chacune s'y rend, mains jointes, les yeux clos,
Avec des glissements de cygne dans l'eau morte.
Elles mettent un voile à longs plis : le secret
De leur âme s'épanche à la lueur des cierges,
Et quand passe un vieux prêtre en étole on croirait
Voir le Seigneur marcher dans un jardin de Vierges !
Et l'élan de l'extase est si contagieux,
Et le coeur à prier si bien se tranquillise,
Que plus d'une, pendant les soirs religieux,
L'été répète encore les " Ave de l'église ".