Nombre davortements
Le rapprochement des bulletins dIVG et des
statistiques dactivité hospitalière* permet dévaluer le nombre total
dIVG à 220000 en 1994 (dont 163 000 déclarées) soit un taux de 0.52 IVG par
femme.
Le recours à lIVG est moins fréquent dans les
dernières années que lors de sa légalisation (250 000 IVG en 1975 soit un taux de 0.67
par femme), plaçant la France dans une situation moyenne par rapport aux autres pays
Européens..
Femmes concernées
Ce sont essentiellement les femmes qui vivent seules qui
ont recours à lIVG. Le taux davortements pour 100 conceptions est en moyenne
de 20% en 1989. Il est étroitement lié à lâge de la femme au moment de la
conception. Il est de 62% à 14-15 ans ; 50% à 16-17 ans ; 36% à 18-19 ans ;
14% à 25-29 ans ; 18% à 30-34 ans ; 29% à 35-39 ans et de 48% à 40-44 ans.
On observe par ailleurs entre 1980 et 1989, à âge et
état matrimonial identiques, une diminution générale de la proportion des conceptions
terminées par un avortement.
Des grossesses trop rapprochées, un état de santé
déficient, un logement trop exigu pour accueillir un enfant de plus, une instabilité du
couple ou une instabilité financière sont les principales causes de la demande d'IVG.
Toutes ces difficultés sont généralement accrues pour les femmes étrangères qui, par
tradition, culture ou religion, sont sans doute plus réticentes à lutilisation de
la contraception.
Les difficultés sont également accrues pour les mineures
qui ne savent pas toujours où sadresser et cachent leur grossesse dans la plus
grande solitude jusquà risquer de dépasser le délai légal.
En 1990, 51% des femmes ayant eu une IVG étaient
célibataires ; 10% avaient moins de 20 ans, 7% avaient 40 ans et plus, 42%
navaient pas denfant, 16% avaient 3 enfants ou plus et 22% avaient déjà eu
une IVG auparavant.
IVG et contraception
Le recours à la contraception progresse nettement :
à la fin des années 80, 67% des femmes utilisaient une méthode contraceptive lors du
premier rapport alors quelles sont 84% en 1993.
Parallèlement, le nombre des avortements de premier rang
na cessé de diminuer depuis 1975, ce qui témoigne dune meilleure maîtrise
de la reproduction.
Pour la très grande majorité des femmes (5 sur 6), le
recours à lavortement est accidentel et unique. LIVG en France nest
donc pas un moyen de contraception, même pour les femmes qui y ont recours plusieurs fois
dans leur vie.
* La sous déclaration de lIVG peut être quantifiée
à partir des statistiques dactivité hospitalière : elle est de 12% pour
lensemble de la métropole mais ce taux varie fortement selon les structures (5% de
sous déclaration dans le secteur public, 25% dans le secteur privé) et les région.
Les mineures sont cependant dans une situation
particulière. En effet, il apparaît que le risque dune utilisation répétitive de
lavortement est plus grand lorsque le premier avortement a été subi avant 20 ans.
Les établissements pratiquant les IVG en France
En 1998, 857 établissements assuraient les IVG, 449 dans
le secteur public (Centres IVG, services hospitaliers) et 408 pour le privé (dont 40 pour
le privé à but non lucratif). Ces chiffres nont pratiquement pas changé depuis
1989.
Pour lannée 1992, 52.3% des IVG ont été réalisés
dans le public et 47.7% dans le privé.
Si 87.7% des hôpitaux publics pratiquent des IVG, certains
dentre eux ont une activité restreinte, la majorité des actes étant concentrée
sur une minorité détablissements. Ainsi, 20 établissements (dont 18 publics)
assurent 20% des IVG tandis que les 175 établissements ne font que 2.5% des actes.
Au total, 55% des IVG sont effectués dans des
établissements réalisant plus de 400 IVG par an.
Les conditions de réalisation des IVG
Près de 75% des avortements en France sont pratiqués
avant la 8ème semaine. Les IVG à 5 semaines sont passées de 9% en 1976 à
19% en 1991, grâce, en partie, à lavortement médicamenteux. Les âges
gestationnels sont plus bas dans le privé que dans le public en raison des délais
dattente moins longs pour lobtention dun rendez-vous. En 1991, 48% des
IVG du secteur privé concernaient des grossesses de moins de 6 semaines alors que la
proportion correspondante dans le secteur public était de 34%.
47% des IVG sont réalisées par aspiration seule et 37%
par aspiration suivie de curetage. Sur ces IVG dites chirurgicales, les ¾ sont
réalisées sous anesthésie générale.
Lavortement médicamenteux utilisant la Mifépristone
associée au Misoprostol qui représentait 13.8% des IVG en 1990 progresse régulièrement
pour atteindre 22% en 1997.
Il reste que de fortes disparités existent. Ainsi, le taux
dIVG par RU varie dun centre à lautre de 0% à 60% et le taux
danesthésie générale de 5% à 100%, les choix techniques effectués chaque centre
laissant peu de possibilités de choix aux patientes.
Les risques médicaux de lavortement
La médicalisation de lavortement a entraîné une
chute spectaculaire des complications et des décès. Alors que lINED estimait le
nombre de décès annuel par avortement à 1 par jour dans les années 60 et à 2 par mois
à la veille de la loi de 1975, la mortalité de lIVG est passée de 5 pour 1
million dIVG dans les années 75-85 à 3 pour 1 million dans les années 85-95. Le
nombre annuel de décès par IVG oscille entre 0 et 2 depuis quelques années.
Comme il lavait annoncé, le gouvernement sest
appuyé sur les constats et les propositions du Pr Nisand pour mettre en uvre un
programme destiné à diminuer les difficultés que rencontrent les femmes en matière
dIVG.
Ce programme repose sur 4 axes :
- Prévenir les IVG
- Améliorer lapplication de la loi de 1975
- Garantir laccès à lIVG à lhôpital et
notamment à lhôpital public