L'un des objectifs de l'IFFS (Fédération
Internationale des Sociétés de Fertilité) est de "contribuer
à la standardisation de la terminologie et à l'évaluation
de diagnostic et procédures thérapeutiques dans le domaine
de la reproduction". L'infertilité tubaire est l'une des causes
les plus fréquentes d'infertilité. C'est un domaine en constant
développement avec l'introduction récente de la mirochirurgie,
de la chirurgie laparoscopique et de la FIV-ET. Le choix thérapeutique
approprié est basé sur un nombre de facteurs qui sont examinés
dans ce document de consensus.
Textes preparés par :
Jorge ARISTIZABAL - Colombie, Pedro N. BARRI -
Espagne, Ivo A. BROSENS - Belgique, Jean-Bernard DUBUISSON et Charles CHAPRON
- France, Johannes L.H. EVERS - Pays-Bas, Bernard HEDON - France, John
F. KERIN - Australie, Raul MARGARA et Robert WINSTON - Royaume-Uni, Pedro
VISCASILLAS - Espagne.
Le contenu de ce document a été
discuté durant deux réunions à Edimbourg et Cincinnati
(1997) avec la participation d'auteurs, éditeurs et membres du Comité
Exécutif d'IFFS :
Henning M. BEIER, Jean COHEN, Salim DAYA, Nilson
DONADIO, Robert F. HARRISON, Bernard HEDON, Roger D. KEMPERS, Gabor T.
KOVACS, Guillermo MARCONI, Takahide MORI, Antonio PELLICER, Otto RODRIGUEZ-ARMAS,
Basil TARLATZIS, William THOMPSON et Mohamed YACOUBI.
Relu et édité par :
Otto RODRIGUEZ-ARMAS, Bernard HÉDON, Salim
DAYA
Editeurs de langues :
Bernard HÉDON - Français, Roger
KEMPERS - Anglais, Antonio PELLICER - Espagnol
INTRODUCTION
Du fait de leur fonction, les trompes de Fallope
jouent un rôle important dans la reproduction humaine. Du fait de
leur structure, elles sont facilement atteintes par diverses pathologies.
Ces deux faits ont pour conséquence que la pathologie tubaire est
la cause la plus fréquente conduisant à avoir recours aux
techniques de procréations assistées. De fait, le motif principal
du développement des techniques de reproduction assistée
a été le désespoir des couples atteints d'une stérilité
tubaire définitive. L'incidence de l'infertilité tubaire
a une signification particulière car elle est liée de près
aux questions de Maladies Sexuellement Transmissibles.
BASES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
Les trompes de Fallope font partie de l'appareil
de reproduction féminin en même temps que la vulve, le vagin,
l'utérus et les ovaires. Les trompes de Fallope sont deux structures
tubulaires qui peuvent mesurer entre 7 et 12 cm de long, formées
principalement de muscles lisses recouverts par une couche péritonéale.
Leur lumière est tapissée par un épithélium
fragile spécialisé dans le transport de l'oeuf et de l'embryon.
Elles sont reliées à la partie supérieure de l'utérus
(partie proximale) ainsi qu'aux deux ovaires (partie distale) et aux moyens
de support de l'utérus sur toute la longueur de leur face inférieure.
Les trompes de Fallope se modifient morphologiquement dans le sens longitudinal
: elles sont plus étroites avec une couche musculaire plus épaisse
dans leur partie proximale et elles sont plus larges et plus élastiques
dans leur partie distale. Elles se terminent par une structure appelée
pavillon formée par plusieurs franges de la couche muqueuse, qui
s'ouvrent dans la cavité abdominale et qui est capable de balayer
la surface de l'ovaire auquel ils sont reliés par une des franges.
Les trompes de Fallope ont parmi leurs fonctions,
celle de capter l'oeuf une fois qu'il a été émis à
la surface de l'ovaire au moment de l'ovulation et de transporter cet oeuf
vers leur lumière où il peut rencontrer le sperme qui remonte
du vagin, ainsi que de permettre la fécondation dans leur portion
ampullaire. Les premiers stades du développement de l'embryon ont
lieu dans les trompes de Fallope pendant les quatre jours qui sont nécessaires
pour son transport jusqu'à la cavité utérine où
il s'implantera à la surface de l'endomètre.
PHYSIOPATHOLOGIE
Les trompes de Fallope peuvent être atteintes
de diverses pathologies, la plupart étant dues à des infections
bactériennes qui proviennent du tractus génital féminin.
La lumière tubaire est étroite et l'épithélium
fragile, ce qui rend les trompes plus fragiles que les autres structures
de l'appareil génital féminin. De plus d'autres infections
qui atteignent le pelvis peuvent aussi affecter les trompes de Fallope
du fait de leur proximité, comme c'est le cas pour l'appendicite.
Le péritoine qui est la membrane qui couvre tous les viscères
abdominaux peut produire une réponse intense à tout processus
inflammatoire qui comporte, parmi ses mécanismes protecteurs, la
production de tissus fibreux dont le but est de limiter localement le processus
inflammatoire afin d'éviter son extension à d'autres viscères.
Cela peut conduire à des modifications anatomiques importantes de
la zone atteinte et en particulier à modifier les rapports tubo-ovariens,
ou même à obstruer les trompes en les plicaturant ou en recouvrant
le pavillon. L'endométriose est la principale cause non infectieuse
de destruction des trompes de Fallope, à cause de la réaction
inflammatoire péritonéale.
Le bacille tuberculeux peut se propager par les
vaisseaux sanguins et infecter les organes féminins de la reproduction.
Cette situation est rare, mais quand elle se produit, elle peut entraîner
des lésions définitives de l'endomètre et des trompes
de Fallope. L'atteinte endométriale peut empêcher définitivement
toute implantation embryonnaire, ce qui est la cause d'une stérilité
qui ne peut pas être traitée par Procréation Assistée.
Il arrive que des fibromes utérins puissent
produire, par compression, une obstruction de la lumière tubaire,
mais il est rare que les lésions causées soient irréversibles.
Le traitement en est chirurgical. Parfois, il arrive qu'il y ait une agénésie
congénitale d'une partie ou de la totalité des trompes de
Fallope, ce qui peut aussi s'associer à d'autres malformations de
l'utérus et du vagin. Le pronostic futur de la reproduction dépend
du type de la malformation. Le traitement peut en être soit chirurgical
soit par Procréation Assistée.
Il y a une communication directe entre le monde
extérieur et la cavité abdominale par l'appareil génital
féminin, mais les mécanismes de défenses naturelles,
empêchent normalement le passage des germes au niveau du col utérin.
Le vagin est par contre exposé à l'environnement extérieur.
Il y a à sa surface une flore microbienne abondante. Le col utérin
ne permet le passage du sperme que un ou deux jours par mois, pendant la
période ovulatoire ; néanmoins cette barrière perd
de son efficacité dans certaines conditions : pendant les règles,
en présence d'un stérilet, à l'occasion d'un accouchement
ou d'un avortement, et en présence de germes sexuellement transmissibles.
CAUSES DES PATHOLOGIES TUBAIRES
Causes infectieuses :
• qui ne tiennent pas leur origine du tractus
génital féminin :
- l'appendicite
- la tuberculose
- autres
• qui tiennent leur origine du tractus génital féminin :
- de cause obstétricale
- de cause gynécologique
- Maladies Sexuellement Transmissibles
- autres.
Causes non infectieuses :
- endométriose
- fibrome
- agénésie.
Les infections bactériennes qui proviennent
du tractus génital féminin sont de loin la principale cause
de lésions tubaires. Elles peuvent avoir une cause obstétricale,
c'est-à-dire en rapport avec la grossesse ou une cause gynécologique,
en dehors de toute grossesse, et qui sont habituellement liées à
des Maladies Sexuellement Transmissibles. Un avortement provoqué
réalisé dans des conditions imparfaites, ainsi qu'un accouchement
prolongé ou traumatique peuvent faciliter le développement
de microbes présents au sein de la flore vaginale. L'infection est
initiée par des bactéries aérobies, c'est-à-dire
des bactéries qui ont besoin d'oxygène pour se développer.
L'inflammation et la consommation d'oxygène facilitent le développement
de germes anaérobies qui sont plus agressifs. Ces infections polymicrobiennes
sont toujours graves. Les infections d'origine obstétricale sont
la cause d'un nombre limité de cas de stérilités tubaires.
Par contre les infections d'origine gynécologique
sont beaucoup plus fréquentes. Elles sont presque toujours dues
à des bactéries transmises sexuellement, et qui sont tout
d'abord la cause d'une infection cervicale, puis par la suite d'une atteinte
inflammatoire pelvienne. L'infection de l'endomètre et des trompes
de Fallope (endométrite et salpingite) sont le problème principal
de l'atteinte inflammatoire pelvienne, bien qu'une infection pelvienne
généralisée, plus ou moins grave, peut aussi se produire
en fonction du germe incriminé et de l'état de santé
de l'organisme hôte. Il n'y a qu'une faible probabilité qu'une
infection bactérienne ascendante puisse être produite à
partir de germes du colon ou de la flore vaginale, comme c'est le cas lors
d'infection de cause obstétricale.
L'atteinte inflammatoire du péritoine est
une affection fréquente dans le monde entier. Approximativement
un million de cas se produisent chaque année aux Etats-Unis et de
100 à 200 000 en France. Cette incidence est supérieure chez
les jeunes femmes de moins de 25 ans ainsi que dans les pays en voie de
développement. Les risques de séquelles qui compromettent
la fertilité sont de 10 à 20 % après un premier épisode
et de plus de 50 % après trois récidives.
Parmi les 20 ou plus germes qui sont habituellement
transmis par contacts sexuels, seuls quelques uns peuvent produire une
atteinte inflammatoire pelvienne. Fréquemment, l'infection est polymicrobienne
comme c'est le cas dans les infections de cause obstétricale, mais
l'atteinte initiale est habituellement produite par deux ou trois germes
sexuellement transmis. Ceux-ci sont Neisseria Gonorrhoea, Chlamydia Trachomatis
et possiblement certaines espèces de mycoplasmes. L'infection gonococcique
est parmi les maladies inflammatoires pelviennes les plus fréquentes
de par le monde. Outre le fait d'être capable d'affecter les muqueuses
génitales chez les hommes et les femmes, le gonocoque peut aussi
atteindre la muqueuse du rectum, celle de l'oropharynx et les conjonctives.
Son incidence va en diminuant dans les pays industrialisés. Par
exemple, aux Etats-Unis, en 1975 on notait 486 cas pour 100 000 habitants,
comparé avec 202 cas pour 100 000 habitants en 1992. Cela n'est
pas identique dans d'autres pays : l'incidence dans certaines villes d'Afrique
est de l'ordre de 3000 cas pour 100 000 habituants.
L'infection gonococcique est habituellement symptomatique
et aiguë, et s'accompagne de pertes vaginales anormales, de fièvre
et de douleurs pelviennes. Parfois se produisent des brûlures lors
de la miction (dysurie) des nausées et une asthénie importante.
Un abcès tubo-ovarien ou une pelvi-péritonite peuvent se
développer. Rarement l'infection atteint l'ensemble de l'individu
avec des localisations articulaires et dans d'autres organes. En revanche,
les infections à chlamydia sont plus fréquemment asymptomatiques,
ce qui rend leur diagnostic plus difficile. Leur incidence augmente régulièrement
depuis deux décades. Aux Etats-Unis, environ 4 millions de cas se
produisent chaque année, atteignant les deux sexes. Selon certaines
estimations l'incidence de l'infection à chlamydia est deux à
trois fois plus élevée que celle des infections gonococciques,
et leur prévalence au sein du tractus génital bas est de
l'ordre de 15 %. Environ 8 % de ces femmes auront une salpingite.
Fréquemment, l'atteinte inflammatoire pelvienne
est liée à la présence des deux germes en même
temps. Le traitement de Neisseria Gonorrhoea peut faciliter la prolifération
de Chlamydia.
Certaines espèces de mycoplasmes ont été
cultivées à partir d'endomètres et de biopsies tubaires
prélevées à l'occasion de maladies inflammatoires
pelviennes. Ces bactéries sont fréquemment isolées
à partir de la flore vaginale normale. Bien que leur pouvoir pathologique
soit certain, le rôle réel qu'ils peuvent jouer pour provoquer
une maladie inflammatoire pelvienne n'est pas totalement clair.
L'embryon peut s'implanter en dehors de la cavité
endométriale, causant une grossesse ectopique. Dans la grande majorité
des cas, cette implantation se produit à l'intérieur des
trompes de Fallope. La grossesse extra-utérine tubaire est un problème
grave et fréquent qui peut léser les trompes. Cependant,
plus que la cause, c'est la conséquence d'une pathologie tubaire
préexistante.
Conclusion
Les lésions tubaires définitives
sont une cause fréquente de stérilité. Neuf fois sur
dix, la cause en est une maladie inflammatoire pelvienne secondaire à
une maladie sexuellement transmise. Celles qui constituent le terrain le
plus privilégié sont les jeunes femmes célibataires
qui ont plusieurs partenaires sexuels sans méthode de contraception.
L'infection à Chlamydia Trachomatis est la cause la plus fréquente
de maladies inflammatoires pelviennes, non seulement en raison de sa prévalence,
mais aussi de ce qu'elle entraîne des lésions de façon
silencieuse.
DIAGNOSTIC
Il y a aujourd'hui 5 méthodes diagnostiques
qui sont utilisées pour évaluer la fonction tubaire chez
les personnes infertiles. L'une, l'hystérosalpingographie, est de
nature radiologique, l'autre l'hystérosalpingo-sonographie est basée
sur les ultrasons, les deux suivantes salpingoscopie et coelioscopie sont
de nature endoscopique et, pour finir, on peut inclure les tests sérologiques
pour Chlamydia. L'hystérosalpingographie et la coelioscopie sont
les deux méthodes les plus répandues et généralement
considérées comme étant les plus efficaces, chacune
venant en complément de l'autre pour permettre une étude
précise des trompes. Les deux autres méthodes apportent des
éléments complémentaires intéressants. Chacune
de ces méthodes est présentée de façon séparée.
HYSTÉROSALPINGOGRAPHIE
Description : Elle consiste en l'injection d'un
produit de contraste iodé (opaque aux rayons X) par le vagin et
le col de l'utérus, qui remplit la cavité utérine
et les trompes permettant ainsi de façon indirecte l'étude
radiologique des caractéristiques anatomiques de la lumière
de ces organes.
Matériel
Le matériel nécessaire est : un
appareil à rayons X avec un amplificateur d'image et un circuit
de télévision, un cathéter cervical, une seringue
et un produit de contraste iodé.
Technique
Il est utile de préparer la patiente avec
un anti-oedémateux et des spasmolytiques, de même qu'il est
prudent de prescrire un prophylaxie antibiotique et d'éliminer au
préalable une allergie à l'iode, de même qu'une grossesse,
qui risquerait d'être compromise, ou une infection gynécologique
qui pourrait se trouver aggravée. Il est important d'explorer les
trompes pendant la première période du cycle, entre la menstruation
et l'ovulation. Une fois que le cathéter est placé dans le
col utérin, l'injection du liquide de contraste doit être
lente de façon à éviter un spasme. Plusieurs clichés
sont pris avant, pendant et après l'injection du produit de contraste
avec plusieurs incidences : de face, oblique et de profil.
En cas de trompes normales, la portion intra-murale
de la trompe qui est la partie la plus proche de l'utérus, a un
aspect fusiforme ou piriforme qui se prolonge imperceptiblement avec la
portion isthmique filiforme et sinueuse L'ampoule tubaire est marquée
par des plis muqueux longitudinaux qui correspondent à la muqueuse
(épithélium qui tapisse la lumière de la trompe) et
peut s'orienter dans n'importe quelle direction. Pour finir, le produit
de contraste diffuse dans la cavité péritonéale.
Cette technique peut révéler plusieurs
pathologies tubaires : obstructions, dilatations, sténoses, polypes,
endométriose ainsi que des infections tuberculeuses anciennes.
Complications
Elle sont rares, mais des infections (en particulier
en cas de trompes pathologiques), perforations utérines, déchirures
tubaires, chocs anaphylactiques, embolie du produit de contraste et interruption
de grossesse non diagnostiquée ont été décrits.
Néanmoins, la radiation à laquelle la patiente est exposée
est peu importante et considérée comme sans conséquence.
Limites
En général l'hystérosalpingographie
ne permet pas de faire un diagnostic étiologique. Elle ne permet
pas d'explorer le plan sérieux (externe) de la trompe ni l'environnement
de la trompe.
Il arrive qu'un spasme tubaire donne une image
qui ne peut pas être distinguée d'une obstruction réelle.
Sensibilité et spécificité ne sont pas élevées.
Avantages
Il s'agit d'une méthode de dépistage
qui peut être réalisée de façon ambulatoire,
facile, peut coûteuse et comportant peu de complications. Elle offre
une bonne image indirecte de la lumière tubaire.
La place de la salpingographie sélective
et des techniques de cathétérisation tubaire
Le taux de faux positifs aboutissant au diagnostic
incorrect d'obstruction tubaire proximale diagnostiqué par hystérosalpingographie
ou coelioscopie avec injection d'un produit coloré peut atteindre
90 % lorsque cette évaluation est faite à l'aide de techniques
de cathétérismes tubaires sélectifs.
Des progrès ont été réalisés
dans le domaine des cathéters transutérins de façon
à faciliter le cathétérisme sélectif de la
trompe sous contrôle hystéroscopique, ultrasono-graphique,
fluoroscopique ou simplement tactile. Le taux de grossesse après
recanalisation tubaire pour obstruction tubaire proximale est d'environ
30 à 35 % dans les 12 mois qui suivent. Du fait que ces techniques
de cathétérisme sélectif de la trompe sont peu invasives
avec un bon ratio coût efficacité, puisqu'elles sont efficaces
pour résoudre 90 % des cas d'obstructions tubaires proximales, elles
doivent être considérées comme ayant une efficacité
thérapeutique. Cependant, au moins 60 % des femmes demeurent infertiles
malgré la levée de l'obstruction tubaire proximale même
si les autres facteurs d'infertilité tels que la qualité
du sperme et la fonction ovulatoire sont normaux. C'est pourquoi, on peut
se demander si la perméabilité tubaire équivaut réellement
à la normalité de la trompe. Et c'est pourquoi, on peut penser
que les patientes qui ont une infertilité persistante malgré
la démonstration d'une bonne perméabilité tubaire
peuvent aussi bénéficier d'une évaluation directe
de la muqueuse tubaire grâce à une technique de falloposcopie
ou de salpingoscopie.
HYSTÉROSONOSALPINGOGRAPHIE
Description
Il s'agit de l'exploration ultrasonographique
de l'utérus et des trompes avec injection d'un liquide par le col
utérin de façon à créer une fenêtre acoustique
d'échogénicité différente qui permette une
meilleure observation des parois intérieures de ces structures.
Matériel
Un échographe avec une sonde vaginale,
un cathéter, une seringue, un produit de contraste négatif
(c'est-à-dire non échogénique) tel que du sérum
physiologique ou positif (hyperéchogénique).
Technique
Les mesures préparatoires sont identiques
à celles décrites pour l'hystérographie. Tout d'abord
une exploration échographique de l'ensemble de l'appareil génital
est réalisée. Ensuite le cathéter est introduit dans
la cavité utérine et le produit de contraste est injecté
lentement.
Résultats
En cas de trompes normales le flux liquidien peut
être visualisé, en particulier dans la partie proximale. En
fin d'exploration, le liquide se retrouve à la partie inférieure
du pelvis. Lorsqu'il est possible de faire une mesure doppler, un signal
continu se produit pendant l'injection du produit de contraste, ce qui
confirme la perméabilité tubaire.
Une obstruction uni ou bilatérale peut
être diagnostiquée.
Complications
Elles sont rares. Des effets secondaires modérés
tels que douleurs, en général peu importantes, réactions
vagales, nausées, vomissements, hyperventilation et sueur ont été
décrites.
Limites
Il y a encore peu d'information sur cette technique.
Seule la perméabilité tubaire peut être étudiée
et même cela peut se révéler imprécis.
Les spasmes tubaires indistingables d'une obstruction
réelle peuvent aussi se produire.
On ne peut pas avoir de renseignement concernant
les caractéristiques des trois plans tubaires.
Avantages
Il s'agit d'une technique ambulatoire, rapide,
peu coûteuse et peu compliquée qui peut être réalisée
au cabinet du praticien.
SALPINGOSCOPIE
Il s'agit d'une technique qui explore directement
la trompe grâce à un endoscope. Les termes de tuboscopie et
ampulloscopie sont utilisés indifféremment puisque l'un et
l'autre correspondent à l'inspection de la partie distale de la
trompe, c'est-à-dire de l'ampoule tubaire.
Plus récemment, une autre technique endoscopique,
la falloposcopie a été décrite, qui permet l'exploration
de toute la longueur tubaire mais cette dernière n'en est encore
qu'à l'état expérimental.
Matériel
Il est nécessaire de disposer d'une source
de lumière froide, d'un circuit vidéo, d'un endoscope avec
sa chemise et d'un système d'irrigation de façon à
distendre les parois tubaires.
Technique
Le salpingoscope doit être introduit par
laparotomie ou coelioscopie sous anesthésie générale.
L'inspection est faite de façon rétrograde, c'est-à-dire
à partir de la partie la plus distale de l'utérus, l'ampoule,
vers la partie la plus proximale.
Le falloposcope est un endoscope très fin
qui peut être mobilisé à partir du vagin, à
travers l'utérus jusqu'à l'intérieur de la lumière
tubaire, de la portion proximale vers la portion distale. La falloposcopie
peut être réalisée de façon ambulatoire sous
sédation et analgésique.
Résultats
Avec la salpingoscopie, une visualisation directe
de la paroi tubaire intérieure de l'ampoule est possible. Avec la
falloposcopie, il est aussi possible de visualiser les portions proximales
de la trompe, c'est-à-dire intra-murales et isthmiques.
Les aspects pathologiques correspondent à
des adhérences, des polypes, sténoses, dilatations, obstructions,
agglutinations de plis et atrophies muqueuses.
Complications
Elles sont rares. Elles se limitent habituellement
aux perforations tubaires qui n'ont pas de conséquences.
Limites
La salpingoscopie nécessite une anesthésie
générale et une technique chirurgicale de laparotomie ou
coelioscopie de façon à pouvoir accéder à la
trompe.
La falloposcopie produit des images qui pour l'instant
sont de moindre qualité qu'avec les autres techniques endoscopiques,
et sa réalisation est complexe.
Ces techniques endoscopiques ne permettent pas
d'avoir l'information concernant les plans séreux et musculaires
de la trompe, ni concernant l'environnement tubaire.
Avantages
La salpingoscopie permet d'obtenir les images
les meilleures et les plus précises de la portion distale de la
trompe. La falloposcopie est la seule exploration qui permette une visualisation
directe de la portion proximale et qui ne nécessite pas d'anesthésie
générale.
COELIOSCOPIE
Description
C'est la technique qui permet l'observation directe
de la cavité abdominale et donc de l'extérieur des trompes
et de leur environnement, et ceci grâce à un endoscope rigide
introduit à travers la paroi abdominale. C'est une méthode
qui permet le mieux d'établir un pronostic de la pathologie tubaire,
de choisir le traitement le plus approprié et qui permet aussi souvent
certains actes chirurgicaux.
Matériel
Il est nécessaire de disposer d'une source
de lumière, d'un insufflateur, d'un endoscope et d'une instrumentation
spécifique.
Technique
Il est nécessaire d'éliminer les
contre-indications d'ordre chirurgicales ou anesthésiologiques.
Il est nécessaire de pouvoir réaliser une éventuelle
laparotomie d'urgence s'il y a une complication. Après réalisation
d'une anesthésie générale, un gaz (habituellement
CO2) est insufflé à l'intérieur de la cavité
abdominale à l'aide d'une aiguille de façon à éloigner
la paroi abdominale de son contenu et permettre l'examen de celui-ci. Ensuite,
l'endoscope et l'instrumentation nécessaire à la mobilisation
et à l'examen des organes génitaux sont introduits à
travers de petites incisions abdominales. De façon à bien
explorer les trompes, il est nécessaire d'instiller un liquide coloré
(habituellement du bleu de Méthylène ou du Rouge carmin)
par un cathéter placé dans la cavité utérine.
Résultats
L'anatomie macroscopique de la paroi externe de
la trompe sur toute sa longueur extra-utérine est examinée
directement. Cela permet l'observation des franges du pavillon (fines digitations
de l'extrémité de la trompe et dont la fonction est de récupérer
les oeufs) et montre sa relation anatomique avec l'ovaire, et permet aussi
au facteur péritonéal d'être étudié.
Les anomalies tubaires qui peuvent être
diagnostiquées correspondent à des obstructions, sténoses,
inflammations, hydrosalpinx, dilatations, diverticules, adhérences
péri-tubaires, agglutinations de franges.
Il arrive que le diagnostic puisse aussi être
étiologique quand il y a une endométriose ou une salpingite
isthmique nodulaire.
Complications
Elles sont rares, mais peuvent être graves
et comportent les complications anesthésiologiques, perforations,
hémorragies, brûlures, infections et complications en rapport
avec l'insufflation gazeuse.
Limites
Une anesthésie générale est
nécessaire, de même qu'une hospitalisation et trois jours
d'activité réduite. L'état de la muqueuse tubaire
ne peut être exploré.
Malgré l'anesthésie, il peut y avoir
des spasmes tubaires qui faussent les résultats et peuvent être
confondus avec une obstruction.
Avantages
C'est la technique qui explore avec le plus de
précision le pavillon tubaire, l'environnement tubaire et le péritoine
pelvien. Elle permet aussi certains actes chirurgicaux qui sont destinés
à corriger des anomalies tubaires ou d'autres types d'anomalies.
TEST CHLAMYDIA
Il s'agit d'un test sanguin dont l'objectif est
de déterminer la présence d'une infection à chlamydia
qui, comme cela a déjà été dit, est l'agent
infectieux qui atteint le plus fréquemment les trompes. Ce sont
des tests sérologiques basés sur la détection d'anticorps
anti-chlamydia qui persistent longtemps après l'infection. En fait,
un seul test positif ne peut déterminer si l'infection est actuelle
ou si elle est ancienne. La sensibilité et la spécificité
varient entre 0,2 et 1 en fonction du test considéré (et
ils sont nombreux). Il s'agit bien sûr d'un test non agressif et
peu coûteux mais qui ne permet pas le diagnostic des autres causes
possibles d'infection et qui ne donne pas d'information sur l'état
anatomique des trompes. C'est pourquoi elle ne vient qu'en complément
des autres méthodes existantes.
CHIRURGIE COELIOSCOPIE DE LA
STERILITE TUBAIRE
Les progrès faits ces dernières
années dans le domaine de la chirurgie coelioscopique ont amené
des changements considérables dans la façon dont les patientes
ayant une stérilité tubaire sont prises en charge. Il est
important de bien situer la place de la chirurgie coelioscopique par rapport
aux autres traitements possibles.
La chirurgie coelioscopique de reconstruction
tubaire a des indications précises.
Premièrement, elle peut être indiquée
dans certains cas précis de pathologies tubaires distales. Dans
ces cas, les techniques opératoires coelioscopiques sont similaires
aux techniques de microchirurgie.
Deuxièmement, la chirurgie coelioscopique
peut être indiquée pour réaliser une déstérilisation
tubaire si l'anastomose est de type isthmo-isthmique, isthmo-ampullaire
ou ampullo-ampullaire.
Troisièmement, au contraire la chirurgie
coelioscopique n'est pas recommandée dans le cas des obstructions
organiques proximales. La microchirurgie par laparotomie reste la référence.
Une anastomose tubo-cornuale percoelioscopique est encore trop difficile
à réaliser en raison du saignement habituel qui se produit
lors de la résection partielle de la corne et de la profondeur du
site de l'anastomose. Si une salpingectomie est nécessaire, la technique
percoelioscopique peut être réalisée.
SÉLECTION DES CANDIDATES À UNE CHIRURGIE
COELIOSCOPIQUE
Les principales contre-indications d'une réparation
tubaire par coelioscopie sont les suivantes :
- adhérences pelviennes sévères
aboutissant à un "pelvis gelé",
- antécédents de résection tubaire étendue
pour stérilisation (fimbriectomie),
- hydrosalpinx à paroi épaisse, adhérences intra-ampullaires
étendues, et destruction complète de la muqueuse dépistée
par hystérosalpingographie et confirmée lors de la phase
diagnostique de la coelioscopie après ouverture de l'hydrosalpinx,
- atteinte tubaire bifocale (avec obstruction proximale ou salpingite isthmique
nodulaire),
- tuberculose génitale évolutive ou ses séquelles,
- existence de facteurs d'infertilité associés et non curables,
- pathologiques médicales qui contre-indiquent la chirurgie ou la
grossesse,
- âge trop avancé sans oublier que chaque cas doit être
évalué de façon individuelle.
MATÉRIEL POUR COELIOCHIRURGIE
Le traitement chirurgical coelioscopique pour
la stérilité tubaire nécessite un chirurgien expérimenté
entouré d'une équipe ayant l'habitude de la coeliochirurgie
et possédant un matériel adapté ayant de bonnes performances.
L'équipement conventionnel inclut un insufflateur
contrôlé électroniquement, un coelioscope panoramique
de 5 ou 10 mm, un système vidéo, une unité d'électrochirurgie
et l'instrumentation de base (pinces atraumatiques, ciseaux fins avec lames
droites ou courbes, pince à coagulation bipolaire avec des mors
étroits, électrode monopolaire fine et système d'irrigation.
Un porte aiguille et des fils de suture de Vicryl de 4 à 7/0 sont
aussi nécessaires.
Un équipement plus particulier peut être
ajouté en fonction des habitudes du chirurgien. L'effet coupant
du laser CO2 permet de sectionner les adhérences et d'ouvrir la
trompe. Son effet de vaporisation sur la séreuse du pavillon permet
l'éversion des franges. Le laser CO2 peut être utilisé
avec une optique à baïonnette par la voie transombilicale ou
par une incision accessoire supra-pubienne. Le coagulateur bipolaire (mors
plat de 5 mm) permet le chauffage des tissus jusqu'à 100-140°
C pendant plusieurs secondes. Cet effet est limité au point d'application
de la pince. L'effet thermique provoque la rétraction de la séreuse
du pavillon et maintient l'éversion tubaire après salpingostomie.
Des micro-instruments coelioscopiques (ciseaux,
pinces, micro-électrode, porte-aiguille) peuvent être introduits
par des trocarts supra-pubiens de 3 mm. Ils peuvent être utilisés
pour une anastomose tubaire, une fimbrioplastie, une fimbriolyse ou une
adhésiolyse tubaire.
INSTALLATION DE LA PATIENTE
La patiente sous anesthésie générale
avec intubation trachéale est installée sur le dos avec les
fesses qui débordent légèrement du bord de la table
d'opération. Une sonde vésicale est habituellement mise en
place. Une canule est introduite par le col utérin de façon
à pouvoir réaliser le test au bleu de méthylène
et mobiliser l'utérus. L'aiguille à pneumopéritoine
et le trocart d'introduction du coelioscope sont mis en place à
travers l'ombilic en suivant les règles de sécurité.
S'il y a un antécédent de laparotomie avec suspicion d'adhérences,
il est recommandé de réaliser le pneumopéritoine à
distance des cicatrices abdominales. Deux ou trois trocarts sus-pubiens
sont insérés sous contrôle visuel. Leur diamètre
est habituellement de 5 mm. Si ce sont des micro-instruments qui sont utilisés,
les trocarts doivent avoir un diamètre de 3 mm.
ADHÉSIOLYSE
La première partie de l'opération
doit toujours être consacrée à l'adhésiolyse.
L'adhésiolyse doit être atraumatique et éviter toute
blessure du péritoine, respectant en cela les principes de la microchirurgie.
Les adhérences sont mises en tension et sectionnées et réséquées
; l'adhésiolyse la plus simple est faite avant l'adhésiolyse
plus difficile, en commençant le long de la ligne médiane
avant de libérer l'annexe. L'adhésiolyse est essentielle
afin de restaurer des rapports anatomiques normaux et de rendre sa mobilité
à la trompe, notamment par rapport à l'ovaire. Une fois cette
adhésiolyse réalisée, les lésions tubaires
peuvent être évaluées de façon plus précise.
SALPINGOSTOMIE
Une évaluation précise de la pathologie
est nécessaire. Le péritoine est inspecté, de façon
à rechercher une inflammation, des adhérences et l'endométriose.
La morphologie des trompes est évaluée et leur perméabilité
vérifiée à l'aide du test au bleu de méthylène.
Pour ce qui concerne le reste de l'abdomen, les régions appendiculaires
et hépatiques (syndrome de Fitz-Hugh et Curtis) sont examinées
attentivement.
La technique de salpingostomie consiste à
créer un néo-ostium dans les cas où la portion distale
de la trompe est totalement occluse (hydrosalpinx). Cette intervention
comprend deux phases, incision et éversion.
Incision et ouverture de la trompe
L'hydrosalpinx est exposé de façon
atraumatique. Du bleu de méthylène est injecté de
façon à mettre en évidence l'ancien ostium qui apparaît
sous forme d'une zone de sclérose blanche. L'idéal est de
commencer l'ouverture tubaire à ce niveau. La trompe est incisée
à l'aide de ciseaux coelioscopiques fins ou à l'aide d'un
faisceau de laser CO2 focalisé. Cette inspection coelioscopique
simple de la muqueuse, des ses pavillons et de l'ampoule donne une bonne
idée de l'importance des lésions tubaires. Seules les patientes
qui ont une atteinte modérée pourront tirer bénéfice
d'une salpingostomie, tandis que les autres devront avoir recours à
la fécondation in vitro. Une fois l'hydrosalpinx ouvert, plusieurs
incisions d'environ 1 à 2 cm sont réalisées (entre
2 et 4 en fonction de ce qui est réalisable techniquement). Il faut
faire attention de faire ces incisions entre les plis muqueux longitudinaux
dans une zone avasculaire. Théoriquement, ces incisions ne devraient
pas saigner. S'il y a un saignement, l'immersion de l'extrémité
distale de la trompe dans du sérum chaud aide à obtenir l'hémostase.
Si cela ne suffit pas, il est nécessaire de coaguler les vaisseaux
ouverts à l'aide d'une électrode monopolaire fine ou de la
pince bipolaire.
Stabilisation de l'éversion
Une fois l'ouverture de l'hydrosalpinx réalisée,
le néo-ostium est conservé en position d'éversion
par la formation d'une manchette. La manchette peut être maintenue
à l'aide de 2 ou 3 points séparés de Vicryl 5 ou 7/0.
La manchette peut aussi être maintenue par rétraction de la
séreuse distale. Plusieurs techniques peuvent être utilisées
de façon à obtenir cette rétraction :
- Vaporisation de la séreuse tubaire à
l'aide d'un tir défocalisé de laser CO2. L'éversion
est maintenue grâce à la surface coagulée par le laser.
- Coagulation bipolaire de la séreuse. Cela permet d'obtenir le
même résultat qu'avec le laser. Comme avec la méthode
au laser, seule la séreuse doit être coagulée avec
la puissance la plus faible possible de façon à ne pas carboniser
les tissus ou provoquer des lésions au niveau de la muqueuse tubaire.
- Thermocoagulation de la séreuse. Dans
ce cas un thermocoagulateur de 5 mm est appliqué sur la séreuse.
Ici encore la séreuse blanchit et se rétracte en permettant
facilement d'obtenir l'éversion souhaitée.
La plupart des grossesses se produisent dans l'année
qui suit l'intervention. Les résultats de la tuboplastie distale
percoelioscopique sont comparables à ceux de la microchirurgie.
A condition que le chirurgien ait la compétence nécessaire
en coeliochirurgie, la chirurgie opératoire percoelioscopique est
maintenant le traitement chirurgical de choix pour la stérilité
tubaire distale, en particulier du fait de ses avantages indéniables
par rapport à la laparotomie.
Les résultats en terme de fertilité
de la salpingostomie coelioscopique dépendent de l'importance des
lésions tubaires. IL y a une bonne corrélation entre la qualité
de la muqueuse et le taux de grossesse intra-utérine. La classification
de Boer-Meisel et al (1986) se base sur l'évaluation de la muqueuse
tubaire et permet aux patientes d'être classées en trois groupes.
Les patientes du groupe 1 sont celles dont la muqueuse est normale avec
des plis muqueux normaux ; les patientes du groupe 2 présentent
des modifications modérées de la muqueuse ampullaire avec
des zones de muqueuse normale intercalées avec des zones où
les plis muqueux sont rares ou inexistants (muqueuse atrophique) ; les
patientes du groupe 3 sont celles dont la muqueuse est considérablement
détériorée, avec disparition complète de la
muqueuse ou présence de synéchies intra-tubaires (salpingite
folliculaire). Les résultats en terme de fertilité sont de
l'ordre de 50 % de grossesses intra-utérines pour le groupe 1, 30
% pour le groupe 2, et 0 % pour le groupe 3.
FIMBRIOPLASTIE COELIOSCOPIQUE
Le principe de la fimbrioplastie est de
restaurer l'anatomie normale du pavillon lorsqu'il y a un phimosis. Avant
de commencer à tenter de restaurer un pavillon normal, la première
tâche est d'évaluer la qualité de la muqueuse tubaire
et de rechercher des synéchies intra-tubaires qui sont des éléments
essentiels du pronostic. Une salpingoscopie peut être recommandée
pour réaliser une telle évaluation.
Section des adhérences. Le phimosis tubaire
devient ainsi accessible à la vision. Une pince fine et atraumatique
est introduite dans la trompe via un trocart controlatéral en l'ouvrant
doucement, les adhérences et brides du pavillon peuvent être
exposées. La fimbrioplastie consiste alors à les sectionner
ou réséquer à l'aide de ciseaux fins, de l'électrode
monopolaire ou du laser CO2. Quand on utilise ce dernier, un tir focalisé
permet d'obtenir l'effet de section-coagulation désiré.
Si les franges muqueuses du pavillon sont agglutinées,
le plus souvent il suffit de dilater la sténose en introduisant
la fine pince atraumatique, les mors fermés, puis d'ouvrir les mors
doucement. Si cela ne suffit pas, c'est que les bandes de tissus sclérosés
doivent être incisées. A la fin de l'intervention le moindre
petit saignement doit être contrôlé grâce à
une irrigation péritonéale soigneuse à l'aide de sérum
chaud. S'il s'agit d'une petite hémorragie, le pavillon tout entier
peut être immergé dans le sérum chaud pendant quelques
minutes et le plus souvent le saignement s'interrompra. Si ce n'est pas
le cas, il faut réaliser une coagulation élective à
l'aide de la fine électrode monopolaire. Après fimbrioplastie
coelioscopique, le taux de grossesse intra-utérine est d'environ
40 %, mais dans les cas où les plis muqueux sont agglutinés
et lorsqu'il y a des synéchies étendues, les résultats
sont beaucoup plus faibles.
DÉSTÉRILISATION PERCOELIOSCOPIQUE
La première phase de l'intervention est
d'ordre diagnostique dans le but de vérifier si une déstérilisation
percoelioscopique est techniquement réalisable. La portion distale
de la trompe est inspectée visuellement de façon à
évaluer la qualité du pavillon ainsi que la longueur des
segments tubaires restants. Les patientes dont les lésions sont
trop étendues (longueur inférieure à 4 cm) ainsi que
celles qui ont eu une fimbriectomie ne peuvent avoir recours à une
chirurgie de reconstruction. Quand le cas est favorable, la déstérilisation
percoelioscopique se fait au cours de la même intervention que la
phase diagnostique.
La position des trois trocarts suspubiens est
cruciale car d'elle dépend directement la faisabilité de
l'anastomose. Les trocarts doivent être introduits suffisamment loin
du pubis de façon à ce que les mouvements de la pince et
du porte-aiguille ne soient pas gênés par l'utérus
en antéversion. Lors de la déstérilisation coelioscopique,
les principes de la microchirurgie doivent être respectés
scrupuleusement. Les points les plus importants sont la nécessité
de disséquer les trompes de façon atraumatique, d'obtenir
une hémostase méticuleuse par coagulation bipolaire sans
créer de nécrose tubaire et de réaliser une jointure
précise à l'aide de fil de suture. Le grossissement nécessaire
est obtenu grâce à la lentille du coelioscope ainsi qu'à
la vidéo ce qui permet en outre de visualiser, d'un point de vue
histologique, les lésions de salpingite folliculaire qui s'accompagnent
d'un pronostic défavorable.
L'anastomose tubaire comprend deux phases principales
: rapprochement des extrémités de la trompe et l'anastomose
elle-même.
- Le rapprochement est réalisé à
l'aide d'une suture placée dans le mésosalpinx à un
même niveau pour les deux segments tubaires. Cela permet aux deux
lumières tubaires de s'aligner parfaitement. Ce point de rapprochement
est réalisé à l'aide d'un fil de Vicryl 4/0 dont le
noeud est réalisé en intracorporel.
- L'anastomose tubaire peut être faite selon
deux techniques :
* La technique "à un point" se
réalise dans un plan à l'aide d'un seul point de Vicryl 7/0
ou 6/0 placé à 12 heures et dont le noeud est fait en intracorporel.
Ce point prend la séreuse et la musculeuse en évitant la
muqueuse. Ce point placé à 12 heures est suffisant pour créer
un bon rapprochement des deux segments tubaires. A 3 heures et 9 heures,
un simple point séreux peut être rajouté si nécessaire.
Le mésosalpinx peut alors être rapproché si nécessaire
à l'aide d'un ou deux points séparés. L'anastomose
tubaire par coelioscopie selon la technique à "un point"
a le grand avantage d'être simple. Le cathétérisme
de la trompe peut être réalisé. La technique ne nécessite
pas l'usage d'une colle biologique. Cette technique d'anastomose permet
une cicatrisation tissulaire parfaite. Les résultats pour les patientes
qui ont moins de 38 ans atteignent 75 %.
* L'anastomose "microchirurgicale" comprend
deux couches. La couche musculaire est suturée à l'aide de
4 points séparés. La couche séreuse est suturée
à l'aide de 3 points séparés. Le taux de grossesse
intra-utérine après anastomose percoelioscopique va de 50
à 80 %.
MICROCHIRURGIE
Avec les taux actuels de succès de la Procréation
Assistée, beaucoup de praticiens pensent que la chirurgie tubaire
est devenue obsolète. Cependant, chez des patientes bien sélectionnées,
la microchirurgie tubaire peut toujours donner des résultats équivalents
et parfois supérieurs à ceux de la Procréation Médicalement
Assistée.
Walz en 1959 a utilisé pour la première
fois un microscope pour une chirurgie de réparation tubaire. D'autres,
ont utilisé des techniques d'électromicrochirurgie fine et
de magnification (loupe) pour le traitement d'hydrosalpinx. Paterson et
Wood (1974) en Australie et Winston et Mc Clure-Browne (1974) en Angleterre
ont adapté leur technique de recherche aux humains en utilisant
une forte magnification grâce à un microscope. Après
maintes discussions, la microchirurgie tubaire est devenue la référence
pour toute chirurgie tubaire.
En effet, la microchirurgie a régulièrement
démontré qu'elle donnait de meilleurs résultats que
la macrochirurgie. La technique implique non seulement l'utilisation d'un
microscope, mais aussi un changement conceptuel de la technique chirurgicale.
Cette approche est basée sur le maniement soigneux des tissus, l'usage
d'un moyen de grossissement optique, l'utilisation de sutures fines et
en général non absorbables et une repéritonisation
des zone cruentées. La formation d'adhérences postopératoires
est un problème majeur de la chirurgie tubaire. Cela s'est modifié
grâce à l'approche microchirurgicale. Beaucoup a été
dit au sujet de l'utilisation d'adjuvants thérapeutiques tels que
des stéroïdes, le Dextran à 5 %, de grandes quantités
de solution de dextroses et les membranes artificielles qui peuvent servir
à la prévention de la formation d'adhérences et il
y a beaucoup de publications sur ces sujets. Mais aucun adjuvant ne peut
remplacer ou améliorer une mauvaise technique chirurgicale.
La sélection des patientes ainsi que pour
n'importe quel autre traitement médical, est très importante
de façon à permettre de bon résultats. L'évaluation
de la pathologie tubaire distale et une bonne sélection en vue de
chirurgie peuvent être difficiles. Souvent les lésions varient
d'un côté à l'autre et le pronostic peut être
imprévisible dans ces groupes hétérogènes de
patientes.
OBSTRUCTION CORNUALE
L'obstruction tubaire au niveau de la corne utérine
peut être le résultat d'une infection, d'une stérilisation
ou d'endométriose. Ehrler et Green Armitage en 1965 ont décrit
leur technique d'implantation tubaire et démontré que chez
la plupart des patientes la portion intra-murale de la trompe était
épargnée. Winston et Gomel ont décrit leur technique
d'anastomose en utilisant le microscope. L'anastomose à la corne
a l'avantage de maintenir la longueur tubaire, l'intégrité
de la corne et donne de bons taux de grossesse. La technique d'anastomose
à la corne nécessite l'identification de la portion intra-murale
de la trompe qu'en réséquant soigneusement la zone cornuale
puis en reliant l'isthme sain ou l'ampoule directement à la portion
intra-murale intacte de la trompe. La meilleure méthode pour explorer
la corne de façon à mettre en évidence la lumière
tubaire saine a été décrite par Winston et McComb.
Plus de 50 % des patientes ont une grossesse après
une anastomose cornuale superficielle (TABLEAU 1).
Les résultats des déstérilisations
sont en général meilleurs que ceux obtenus lorsqu'il s'agit
de lésions post-inflammatoires. L'atteinte tubaire est plus limitée
et la plupart des patientes qui demandent une déstérilisation
sont très fertiles. L'anastomose isthmo-isthmique donne les meilleurs
résultats et l'anastomose ampullo-ampullaire est moins satisfaisante.
Ceci peut être dû à l'importance physiologique des lésions
au niveau ampullaire qui peuvent interférer avec la captation par
le pavillon, la fécondation ou le transport des gamètes.
La longueur totale de la trompe résiduelle
est un point très important. La longueur minimale de trompe nécessaire
au maintien de la fertilité chez les femmes n'est pas connue. Les
femmes qui ont les trompes raccourcies n'obtiennent de grossesse qu'occasionnellement
et les patientes qui ont une ampoule raccourcie sont moins fertiles (TABLEAU
2). Quand le pavillon est absent, les résultats sont très
mauvais, quel que soit le chirurgien.
PATHOLOGIE TUBAIRE DISTALE
La pathologie tubaire distale est variable d'un
côté à l'autre et dans ce groupe hétérogène
de patientes, le pronostic peut être imprévisible. L'appréciation
de la pathologie tubaire distale nécessite une grande expérience.
Le point le plus important de cette pathologie est que la majorité
des patientes qui ont des hydrosalpinx ont des lésions tubaires
sévères et seule une faible proportion peut bénéficier
de la chirurgie.
De nombreuses classifications ont été
décrites. La classification de Boer-Meisel (1986) ou de Mage peut
être utilisée.
CLASSIFICATION
(modifiée) :
Stadification de la pathologie tubaire dans
les hydrosalpinx :
• Stade I |
- hydrosalpinx à parois fines avec peu
ou pas de fibroses
- muqueuse conservant des plis sans zone aplatie
- adhérences absentes ou vélamenteuses et limitées
à la zone ampullaire et à l'ovaire
- ovaires présents et en grande partie libres. |
• Stade II |
- hydrosalpinx à parois épaisses
avec bonne muqueuse
- muqueuse aplatie avec plis diminués et moins nombreux mais trompes
à parois fines
- plis muqueux agglutinés
- adhérences fibreuses épaisses impliquant la trompe et/ou
l'ovaire. |
• Stade III |
- associations d'hydrosalpinx à parois
épaisses avec pathologie muqueuse marquée ou adhérences
fibreuses épaisses
- hydrosalpinx propre à parois fines mais avec isthme perméable
mais nodulaire
- ovaires englobés dans la paroi pelvienne ou absents |
• Stade IV |
- masse tubo-ovarienne ou fibrome, hydrosalpinx
adhérent avec ovaires inclus dans la paroi pelvienne et/ou lésions
isthmiques. |
Ces dernières années la chirurgie
coelioscopie s'est développée. Les chirurgiens sont maintenant
capables de réaliser des interventions sur la trompe distale et
de bons résultats ont été publiés. Les salpingostomies
microchirurgicales offrent toujours de meilleurs résultats que la
chirurgie coelioscopique, probablement du fait de la meilleure qualité
anatomique de la réparation que cela permet.
La chirurgie tubaire est toujours le traitement
de choix chez la jeune patiente qui a une pathologie tubaire limitée.
Il est nécessaire de former de jeunes médecins à la
microchirurgie de façon à ce que l'usage de la fécondation
in vitro ne soit pas le résultat d'un défaut de formation
aux bonnes techniques chirurgicales.
|
Patientes
|
Grossesses extra-utérines
|
Accouchements
|
< 1cm d'isthme réséqué |
107
|
4
|
65 (59%)
|
> 1cm d'isthme réséqué |
83
|
3
|
38 (46%)
|
Ampullo-cornual |
53
|
4
|
21 (40%)
|
Utero-isthmique |
25
|
0
|
8 (32%)
|
Utero-ampullaire |
32
|
1
|
14 (45%)
|
Implantation |
23
|
1
|
6 (26%)
|
Total |
323
|
13
|
153 (47%)
|
Type d'Anastomose |
Nombre
d'Interventions
|
Nombre de
Patientes Enceintes
|
Nombre de Grossesses
extra-utérines
|
Cornuo-isthmique |
37
|
26 (70%)
|
0
|
Cornuo-ampullaire |
46
|
25 (54%)
|
1
|
Isthmo-isthmique |
56
|
50 (89%)
|
2
|
Isthmo-ampullaire |
47
|
31 (65%)
|
0
|
Ampullo-ampullaire |
29
|
12 (40%)
|
0
|
Patientes |
Nombre |
Grossesses
extra-utérines
|
Grossesses
intra-utérines
|
Grossesses
à Terme
|
Première salpingostomie |
323
|
32 (10%) |
106 (33%) |
74 (23%) |
Nouvelle salpingostomie |
65
|
6 (9%) |
16 (25%) |
12 (18%) |
Total |
388
|
38 (10%) |
122 (31%) |
86 (22%) |
CANULATION TUBAIRE :
La canulation tubaire (ou cathétérisme)
est une technique qui peut être employée dans certains cas.
Elle consiste en l'introduction d'un tuyau dans la lumière tubaire
via la cavité utérine de façon à désobstruer
la trompe et rétablir une perméabilité normale.
La canulation tubaire ne doit pas être confondue
avec l'insufflation tubaire ou l'hydrotubation. Ces deux dernières
techniques sont l'injection de gaz (insufflation) ou de sérum physiologique
(hydrotubation) additionnés éventuellement de médicaments,
à travers le col utérin. L'effet local sur l'obstruction
tubaire est minime et la valeur thérapeutique de ces deux techniques
est discutée. L'insufflation tubaire et l'hydrotubation ne sont
plus considérés que comme des moyens effectifs de prise en
charge moderne de la stérilité tubaire.
Cependant, pour ce qui est de la technique de
canulation tubaire, l'instrument de désobstruction est mise en place
à l'intérieur de la lumière tubaire directement via
l'ostium tubaire sous différents moyens de contrôle (sensation
tactile, contrôle radiologique ou sonographique ou visualisation
hystéroscopique). L'instrument est habituellement un cathéter
fin qui peut en outre avoir un ballonnet gonflable. L'instrument de désobstruction
est tout autant la puissance de poussée du cathéter lui-même
que la pression qui est appliquée au liquide de lavage qui est instillé
dans la trompe via le cathéter tubaire.
La canulation tubaire peut être réalisée
sous anesthésie générale, ou avec une simple sédation,
bien qu'il arrive que l'intervention puisse être douloureuse.
Elle est indiquée quand l'obstruction tubaire
est au niveau de la partie proximale de la trompe, d'importance limitée
et n'est pas associée à une pathologie muqueuse ou pariétale
qui rendrait la désobstruction tubaire inutile. La nature des obstructions
qui peuvent être traitées par canulation tubaire sont l'accumulation
de débris, souvent d'origine endométriale, qui forment une
sorte de bouchon qui peut être poussé par le cathéter
et le liquide de lavage, ou encore des synéchies muqueuses, lorsque
les plis se sont agglutinés à l'occasion d'un processus inflammatoire
(souvent dans le post-partum ou le post-abortum).
Les résultats peuvent être très
bons quand l'indication est correcte. Non seulement la perméabilité
tubaire peut être restaurée de façon définitive
dans une grande proportion de cas, mais les taux de grossesse sont bons
et quand une grossesse est obtenue, elle survient habituellement rapidement
après l'intervention. La raison de résultats aussi bons est
que la trompe a des lésions limitées (grâce à
la sélection des patientes qui peuvent bénéficier
de cette technique) et la fonction tubaire est préservée
une fois que la perméabilité tubaire a pu être restaurée.
Une des principales limites de cette technique
de canulation tubaire est la mauvaise sélection des cas lorsqu'il
y a tentative de désobstruction proximale à l'occasion d'une
hystérosalpingographie qui montre la présence d'une obstruction
à la corne, sans qu'il y ait eu une évaluation correcte de
la nature des lésions, de la présence ou non d'une pathologie
tubaire distale et d'éventuelles adhérences pelviennes. Dans
ces cas, si la trompe est trop atteinte, non seulement la canulation tubaire
serait non efficace mais pourrait aussi être néfaste en ajoutant
un traumatisme muqueux à la pathologie existante. Au contraire,
si l'obstruction cornuale vue à la radio n'est pas organique, le
fait de réaliser une canulation tubaire sélective n'a qu'une
valeur diagnostique mais pas de justification thérapeutique.
Pour toutes les raisons ci-dessus, la canulation
tubaire ne peut être appliquée qu'à un nombre limité
de cas bien sélectionnés. A la lecture de la littérature
médicale, il faut être très attentif à la façon
dont les patientes ont été sélectionnées de
façon à interpréter correctement les résultats
annoncés. Mais quand un diagnostic précis de stérilité
a été fait et qu'une évaluation correcte des lésions
tubaires a été réalisée, et si la canulation
tubaire est indiquée, ce traitement doit être essayé
avant un autre traitement chirurgical ou le recours à la Procréation
Assistée, car il est à la fois simple et efficace.
FECONDATION IN VITRO :
La pathologie tubaire est classiquement considérée
comme l'indication majeure du recours à la fécondation in
vitro. Il est évident qu'il y a toujours des indications de chirurgie
tubaire telle que la déstérilisation après stérilisation
tubaire coelioscopique ayant entraîné peu de dommages qui
ne nécessitent pas le recours à la fécondation in
vitro. D'un autre côté, il y a des cas de pathologies tubaires
sévères (obstruction tubaire multifocale bilatérale,
salpingectomie bilatérale, pelvis gelé) pour lesquelles la
fécondation in vitro est la seule option thérapeutique possible.
Il est facile de choisir entre ces deux techniques dans ces situations
extrêmes mais il y a de nombreux cas cliniques pour lesquels de nombreux
facteurs doivent être pris en compte avant qu'un choix thérapeutique
puisse être fait. La fécondation in vitro et la chirurgie
tubaire ne doivent pas être considérées comme étant
des techniques en compétition qui s'excluent l'une l'autre, mais
plutôt comme des moyens complémentaires qui doivent être
appliqués avec une séquence chronologique appropriée.
Les différences entre les deux techniques
sont : la fécondation in vitro est une technique palliative qui
ne corrige pas le problème de l'infertilité, tandis que la
chirurgie tubaire peut être considérée comme un traitement
curatif. De même, il y a d'autres aspects qui doivent être
pris en compte tels que la reproductibilité de la fécondation
in vitro, plus grande que celle de la chirurgie tubaire, ce qui signifie
qu'un plus grand nombre de Centres auront un bon niveau d'efficacité
avec la fécondation in vitro que ceux qui peuvent pratiquer la chirurgie
tubaire avec de bons résultats, ou encore la possibilité
qu'a la fécondation in vitro de permettre de traiter une infertilité
d'origine multifactorielle (tubaire, masculine ou associée à
des anomalies de l'ovulation) alors que la chirurgie tubaire ne peut traiter
qu'une infertilité ayant une cause unique.
INDICATIONS ET EFFICACITÉS
Il y a des cas de stérilités pour
lesquels les deux techniques peuvent être appliquées et l'une
ou l'autre peut être recommandée en fonction des caractéristiques
de chaques patientes en individualisant la stratégie à utiliser
à chaque cas.
La fécondation in vitro est le traitement
de choix lorsque les lésions tubaires sont inopérables ou
lorsque les lésions ont déjà été opérées
sans succès.
• Patiente de plus de 35 ans
• Trompes inopérables (par exemple tuberculose
génitale)
• Pathologie tubaire distale avec hydrosalpinx
à paroi très épaisse et atteinte muqueuse sévère
• Lésions tubaires bifocales
• Si une grossesse n'a pas été obtenue
un an après une chirurgie tubaire qui a permis de restaurer la perméabilité
• S'il y a d'autres facteurs d'infertilité
associés.
Pour ce qui concerne la chirurgie tubaire, contrairement
à la fécondation in vitro, il est difficile de faire des
comparaisons de résultats car après fécondation in
vitro la grossesse est obtenue immédiatement tandis qu'avec la chirurgie
tubaire il est nécessaire d'avoir un suivi postopératoire
d'au moins un an avant de pouvoir considérer qu'il s'agit d'un échec.
L'efficacité réelle de la fécondation
in vitro peut être connue par la consultation des registres existants
dont les résultats coïncident et démontrent que le taux
de naissance est influencé par la cause de la stérilité
et surtout par l'âge de la patiente. La plupart des statistiques
publient des taux de conception après trois tentatives de fécondation
in vitro qui approchent les 40 %.
Il y a des cas de pathologies tubaires sévères
qui s'accompagnent d'une altération de la vascularisation ovarienne
et qui donnent de moins bons résultats en fécondation in
vitro. De même, en cas de gros hydrosalpinx il semble que l'implantation
embryonnaire soit diminuée et une salpingectomie bilatérale
est recommandée lorsqu'il y a des échecs répétés
d'implantation.
Pour l'évaluation des résultats,
il est nécessaire de ne pas oublier que la fécondation in
vitro est recommandée lorsque la chirurgie tubaire ne peut offrir
une possibilité de grossesse supérieure à 30 - 40
% après un an de suivi postopératoire, ou encore un taux
de conception mensuel, lorsqu'il peut être calculé, de moins
de 2 %. Il ne faut certainement pas proposer la fécondation in vitro
à toutes les patientes à cause d'un manque de compétence
chirurgicale, mais il ne faut pas non plus retarder la fécondation
in vitro en raison d'une mauvaise indication ou d'une mauvaise technique
de chirurgie tubaire.
Registre |
Recueils d'ovocytes
|
Grossesses
|
Grossesses/recueil
|
S.A.R.T. (USA - Canada) |
27.699
|
4.889
|
18%
|
FIVNAT (France) |
13.614
|
2.722
|
20%
|
AMERIQUE LATINE |
1.061
|
243
|
22%
|
SOCIETE ESPAGNOLE DE FERTILITE |
530
|
115
|
21%
|
COMPLICATIONS
Après les premiers développements
des techniques de fécondation in vitro, il y a eu un consensus pour
l'utilisation de protocoles de stimulations de la maturation folliculaire
de façon à obtenir un plus grand nombre d'ovocytes et donc
d'embryons et augmenter ainsi les possibilités d'avoir une grossesse.
Ces protocoles peuvent entraîner un syndrome d'hyperstimulation ovarienne
modérée chez à peu près 25 % des patientes
et dans 1 à 2 % des cas un syndrome sévère qui nécessite
une hospitalisation bien que ce syndrome tende à disparaître
spontanément sans intervention à moins qu'il n'y ait une
grossesse et dans ce cas la récupération peut être
plus lente.
Les grossesses obtenues par fécondation
in vitro peuvent connaître les mêmes problèmes que n'importe
quelles autres grossesses tels que des avortements spontanés qui
se produisent dans environ 18 - 20 % des cas. Les grossesses extra-utérines
sont moins fréquentes, de 3 à 5 %.
Un autre risque lié à la fécondation
in vitro est le fort pourcentage de grossesses multiples. De façon
à réduire ce risque, il est nécessaire de limiter
le nombre d'embryons transférés, en particulier chez les
patientes jeunes qui font leur première tentative. En raison du
risque materno-foetal connu lié à ces grossesses multiples,
il est indispensable que les Centres de Procréations Médicalement
Assistées fassent une prophylaxie adéquate qui permette de
limiter l'incidence des grossesses multiples.
Pour finir, certaines études ont émis
l'hypothèse qu'il pouvait y avoir un risque augmenté de cancer
de l'ovaire chez les femmes qui ont utilisé des traitements de stimulation
de l'ovulation. Bien que cela ne soit pas démontré, s'il
y a un risque, celui-ci est plus lié à l'infertilité
elle-même et à l'absence de protection qu'aurait apporté
une grossesse antérieure, ou encore ce risque est limité
à l'usage de certains médicaments chez certaines patientes.
En conclusion, les médecins doivent évaluer
l'ensemble des paramètres pour chaque cas, en essayant de trouver
le juste équilibre entre le risque, le coût et l'efficacité
sans oublier que leur devoir est d'essayé de permettre à
leurs patientes d'obtenir la grossesse qu'elles désirent.
INDICATIONS THERAPEUTIQUES
Il y a deux options pour qu'un couple atteint
de stérilité tubaire puisse obtenir une grossesse : la chirurgie
tubaire reconstructive et la fécondation in vitro. La sélection
du traitement le plus approprié est basée sur le résultat
qu'il peut avoir dans chaque cas individuel, son acceptabilité et
son rapport coût efficacité. Le résultat doit être
exprimé en taux de grossesse et en taux de complications en incluant
les risques spécifiques de grossesses extra-utérines et de
grossesse multiples. Malheureusement, il n'y a pas d'étude prospective
randomisée entre chirurgie reconstructive et fécondation
in vitro et les études comparatives qui incluent les groupes témoins
sans traitement manquent. Les résultats doivent cependant être
évalués autant que possible de façon comparative,
non biaisée et scientifiquement valable. Il y a des cas où
l'infertilité tubaire telle que l'obstruction tubaire multifocale
pour lesquelles la chirurgie n'a manifestement aucune chance de résultat
du fait de l'étendue des lésions et pour lesquelles la fécondation
in vitro est clairement le seul choix possible. A l'opposé, la réparation
d'une stérilisation tubaire par clips ou anneaux ou d'une obstruction
isthmique localisée s'accompagne d'un taux de grossesse de 80 %.
Le choix entre chirurgie et fécondation in vitro est cependant difficile
dans les cas où il est nécessaire de faire une exploration
complète des lésions et de leur étendue. Une classification
pratique des pathologies tubaires serait nécessaire qui puisse établir
des différences de pronostic et soit une base valable pour faire
le choix thérapeutique dans chaque cas individuel. Le résultat
étant mesuré en terme de taux de grossesse, le pronostic
dépend aussi d'autres facteurs tels que l'âge de la patiente,
la durée de la fertilité et la qualité du sperme.
Dans ce chapitre, les indications de chirurgie
tubaire reconstructrice et de fécondation in vitro sont évaluées
sur la base des études de classification de la stérilité
tubaire, des taux de grossesses obtenus, de l'acceptabilité et du
rapport coût efficacité.
EFFICACITÉ DU TRAITEMENT
D'une façon générale, pour
les cas où les deux trompes sont présentes, le pronostic
est basé sur la trompe la moins atteinte.
Obstruction tubaire proximale :
Lésions obstructives bilatérales
des segments intra-mural ou isthmique : elles
peuvent être traitées par microchirurgie ou canulation tubaire
transutérine.
Anastomose microchirurgicale
La microchirurgie est efficace dans les
lésions purement fibreuses du segment proximal. Le taux de grossesse
intra-utérine avec accouchement est de 60 % et le taux de grossesse
extra-utérine est de moins de 5 %. Les résultats sont meilleurs
lorsqu'une anastomose est réalisée plutôt qu'une réimplantation
cornuale ou utérine.
La microchirurgie apporte de très faibles
taux de grossesses intra-utérines et un fort taux de grossesses
extra-utérines chez les patientes qui ont des pathologies tubaires
bipolaires. C'est pourquoi une anastomose microchirurgicale est contre-indiquée
lorsqu'il y a des lésions à la fois sur les segments proximal
et distal de la trompe.
La technique d'anastomose tubaire percoelioscopique
est en cours de développement et demeure pour l'instant moins précise
que la microchirurgie. Il n'y a pas d'étude clinique comparative
entre les deux techniques.
Cathétérisme tubaire transcervical
Après cathétérisme tubaire,
les taux de grossesses rapportés varient entre 20 jusqu'à
40 %. En l'absence d'histopathologie il est admis que les populations de
patientes incluses dans les groupes de cathétérisme tubaire
et de microchirurgie ne sont pas les mêmes. La canulation de la trompe
peut être essayée avant la chirurgie chez les patientes qui
ont seulement une lésion obstructive proximale.
Lésions non obstructives
Les lésions tubaires non obstructives telles
que salpingite isthmique nodulaire, endométriose tubaire et polypes
tubo-cornuaux ne sont pas une indication de chirurgie. La salpingite isthmique
nodulaire s'accompagne dans 20 % des cas de lésions ampullaires
et se trouve fréquemment chez des patientes qui ont eu une grossesse
extra-utérine. La chirurgie des lésions tubaires non obstructives
apporte moins de 20 % de taux de grossesses intra-utérines.
Obstruction tubaire distale
L'obstruction tubaire distale inclut les hydrosalpinx
provoqués par la fermeture du pavillon et les phimosis créés
par l'agglutination des franges du pavillon. Il y a deux possibilités
thérapeutiques : la chirurgie reconstructrice, soit par laparotomie,
soit par coelioscopie et la fécondation in vitro.
Les résultats de la chirurgie de reconstruction
dépendent en grande part de l'état de la trompe et plusieurs
classifications ont été proposées. Les facteurs tubaires
qui affectent le résultat sont :
1) L'étendue et la nature des adhérences
: les adhérences péritubaires n'ont que peu de corrélation
avec les adhérences muqueuses intratubaires.
2) Dilatation ampullaire : les résultats
expérimentaux et cliniques montrent que, excepté dans les
cas de sactosalpinx, il y a une régression de la dilatation après
salpingostomie.
3) Epaisseur de la paroi tubaire : un hydrosalpinx
à paroi épaisse a une paroi fibreuse de plus de 2 mm d'épaisseur.
Il faut le distinguer d'un hydrosalpinx à paroi fine.
4) Adhérences muqueuses : les adhérences
muqueuses sont l'un des paramètres les plus importants, tant d'un
point de vue macroscopique que microscopique, pour le pronostic en terme
de grossesse intra-utérine et de risque de grossesse extra-utérine.
5) Lésions microscopiques de l'épithélium
: des modifications de l'épithélium tubaire et des plis muqueux
telles que déciliation, desquamation épithéliale et
aplatissement des plis peuvent s'améliorer après salpingostomie.
Le pronostic n'est pas augmenté après biopsie de la muqueuse.
Hydrosalpinx :
Hydrosalpinx à paroi épaisse
: Il est habituellement peu distendu (jusqu'à 15 mm) et a une
paroi fibrotique épaisse (supérieure à 2 mm) et des
plis muqueux épaissis et fibreux. Approximativement 25 % des hydrosalpinx
ont une paroi épaisse. Le pronostic est très mauvais : il
y a moins de 2 % de taux de grossesses et si une grossesse survient le
rapport grossesse extra-utérine sur grossesse intra-utérine
est supérieur à 1.
Le sactosalpinx (diamètre > à
3 cm) est aussi un hydrosalpinx dont le pronostic est mauvais. Dans ces
deux cas, la fécondation in vitro est indiquée. En raison
du mauvais pronostic tubaire et du possible effet bénéfique
sur le résultat de la fécondation in vitro, une salpingectomie
peut être envisagée.
L'hydrosalpinx à paroi fine est
classé selon la dilatation et l'aspect muqueux évalué
lors de l'hystérosalpingographie ainsi que selon la présence
d'adhérences péritubaires vues à la coelioscopie.
La comparaison avec l'endoscopie tubaire montre que l'hystérosalpingographie
sous-évalue et la coelioscopie sur-évalue les adhérences
muqueuses. Voici ci-dessous la corrélation entre la présence
d'adhérences muqueuses intratubaires et taux de grossesse intra-utérine
et extra-utérine :
- s'il n'y a pas d'adhérence muqueuse le
taux de grossesse intra-utérine est de plus de 50 % et le risque
de grossesse extra-utérine de moins de 5 %.
- en présence d'adhérences muqueuses localisées, le
risque de grossesse extra-utérine est multiplié par 8.
- si les adhérences muqueuses concernent plus de 50 % des plis,
le taux de grossesse intra-utérine est de moins de 20 % et le taux
de grossesse extra-utérine est identique ou même supérieur
au taux de grossesse intra-utérine.
Les principes suivants peuvent être proposés
pour la prise en charge des hydrosalpinx :
L'hydrosalpinx à paroi fine qui a une
muqueuse normale ou aplatie mais sans adhérence muqueuse, ce
qui correspond approximativement à 30 % des hydrosalpinx, peut bénéficier
d'une salpingonéostomie par laparotomie ou coelioscopie. Le choix
de la technique dépend de l'expérience du Centre, mais les
résultats sont similaires. C'est pourquoi il ne servirait à
rien en cas d'échec de refaire une tentative chirurgicale avec une
technique différente.
L'hydrosalpinx à paroi fine et adhérences
muqueuses localisées est une indication soit de chirurgie reconstructrice
soit de fécondation in vitro. La chirurgie de reconstruction s'associe
à un risque augmenté de grossesse extra-utérine tandis
que la fécondation in vitro à un risque augmenté de
grossesse multiple. La patiente doit être bien informée des
bénéfices et risques des deux techniques.
L'hydrosalpinx à paroi fine et adhérences
muqueuses étendues (plus de 50 % des plis) est une indication
de fécondation in vitro car le taux de grossesse intra-utérine
après chirurgie tubaire est de moins de 20 % et le risque de grossesse
extra-utérine considérablement augmenté. L'augmentation
des résultats de la fécondation in vitro grâce à
une salpingectomie ou une salpingonéostomie est discutée.
Phimosis
Peu d'auteurs classent cette technique de façon
séparée. Il n'y a pas de résultats contrôlés.
Les mêmes principes que pour les hydrosalpinx peuvent être
appliqués.
Adhérences tubo-ovariennes
Un consensus dans la façon d'évaluer
les adhérences en stérilité serait nécessaire.
Pour l'instant les adhérences pelviennes sont classées en
minimes, modérées ou sévères et les adhérences
muqueuses tubaires sont le plus souvent négligées. Les principales
causes d'adhérences tubo-ovariennes sont la chirurgie, la maladie
inflammatoire pelvienne et l'endométriose. Chirurgie et endométriose
n'entraînent pas d'adhérences muqueuses tubaires bien que
l'ampoule et le pavillon puissent être impliqués et un hydrosalpinx
de nature mécanique peut être provoqué par la compression
du segment distal par un endométriome ovarien. Les adhérences
tubo-ovariennes provoquées par une maladie inflammatoire pelvienne
sont cependant souvent associées avec des lésions muqueuses
tubaires (40 %). Par comparaison, des adhérences muqueuses tubaires
ne sont trouvées chez des femmes fertiles à l'occasion d'une
stérilisation que dans moins de 5 % des cas.
La coelioscopie est plus adaptée que la
laparotomie pour faire une adhésiolyse. Cependant, la récidive
des adhérences après coelioscopie reste un problème
important. Il y a des techniques de prévention qui sont utiles mais
ne font que diminuer et non empêcher les adhérences postopératoires.
L'adhésiolyse coelioscopique est donc le premier choix thérapeutique
en cas d'adhérences minimes ou modérées. Lorsque les
adhérences sont sévères, c'est la fécondation
in vitro qui est le premier choix. La salpingo-ovariolyse s'accompagne
d'un taux de grossesse intra-utérine de 50 % et d'un taux de grossesse
extra-utérine de 5 %.
Stérilisation tubaire
Le taux de grossesse obtenu par reconstruction
microchirurgicale d'une trompe interrompue chirurgicalement atteint
80%.
Le pronostic de la réanastomose tubaire
dépend de la longueur du segment tubaire distal restant. Une longueur
totale minimum de 4 cm après anastomose semble nécessaire.
Quand la fécondation in vitro doit-elle
être proposée après chirurgie tubaire ?
Il a été démontré
par analyse de survie qu'en l'absence d'adhérences muqueuses plus
de 60 % de toutes les grossesses intra-utérines se produisent dans
l'année qui suit la chirurgie. Seule une minorité de grossesses
sont obtenues la seconde année. C'est pourquoi du fait du déclin
de la fertilité associé à l'âge, la fécondation
in vitro peut être recommandée si la grossesse ne se produit
pas pendant la première année. Chez les patientes les plus
âgées et en présence d'autres paramètres d'infertilité
(tel que facteur masculin) insuffisamment corrigés, les patientes
peuvent être traitées plus rapidement par la fécondation
in vitro. Au total, un taux de grossesse intra-utérine de 60 % peut
être espéré après un an avec cette approche
combinée. C'est pourquoi il est nécessaire de limiter le
délai après chirurgie à une moyenne de 6 mois à
1 an avant de proposer la fécondation in vitro aux patientes.
ACCEPTABILITÉ DES MODALITÉS THÉRAPEUTIQUES
Chirurgie tubaire
Le principal avantage de la chirurgie tubaire
est qu'elle peut restaurer la fertilité. Elle permet donc d'obtenir
une conception sans qu'il soit nécessaire d'avoir recours à
un autre traitement. La chirurgie tubaire peut être plus acceptable
pour les couples parce qu'elle est moins stressante que la fécondation
in vitro et évite beaucoup des dilemmes moraux, éthiques
et religieux des techniques de fécondation in vitro. La femme garde
le contrôle de sa fertilité et toute erreur de manipulation
de gamètes ou d'embryons qui peut se produire avec les techniques
in vitro sont évitées. Les moyens de réalisation d'une
chirurgie tubaire sont habituellement présents dans tous les hôpitaux
normalement équipés et une fois que l'investissement initial
en matériel est réalisé, les coûts pour l'institution
ne sont pas élevés. D'un autre côté, l'expérience
démontre que la chirurgie tubaire reconstructrice ne doit être
faite que par des gynécologues qui ont un entraînement suffisant
en microchirurgie et qui opèrent un nombre suffisant de patientes
de façon à maintenir une bonne compétence.
Les inconvénients de la chirurgie tubaire
sont principalement ceux de toute intervention chirurgicale importante,
la nécessité d'avoir recours à une anesthésie
et à une hospitalisation. Toute chirurgie importante comporte le
risque de thrombo-embolie, d'hémorragie et d'infection. Cependant,
la chirurgie coelioscopique permet aux patientes d'avoir moins mal, une
hospitalisation raccourcie et une récupération plus rapide
qu'après laparotomie.
La chirurgie tubaire s'associe aussi au risque
de grossesse extra-utérine. Le risque est plus grand après
salpingonéostomie et fimbrioplastie qu'après salpingolyse
et anastomose. Ce risque de grossesse extra-utérine augmente de
façon significative en présence d'adhérences muqueuses
tubaires.
Fécondation in vitro
Un des principaux avantages de la fécondation
in vitro est que l'intervention peut être réalisée
en ambulatoire et que la douleur peut être contrôlée
avec des analgésiques. De plus, le résultat du traitement
est connu en l'espace de deux semaines. Des complications telles que infections
et saignements peuvent se produire mais elles sont rares et habituellement
bénignes. Le risque de grossesse extra-utérine après
fécondation in vitro est bas (approximativement 1,4 % par transfert)
mais augmente chez des patientes qui ont une pathologie tubaire distale.
Il y a plusieurs inconvénients à
la fécondation in vitro. Chaque cycle de traitement s'accompagne
d'un stress psychologique significatif, d'inconvénients et d'une
interruption sociale. Du fait que les patientes ont fréquemment
besoin d'avoir recours à plusieurs cycles pour obtenir un taux de
grossesse de 50 % ces problèmes se répètent à
chaque cycle. La déception de l'échec et les mécanismes
de deuil sont différents pour les deux modalités thérapeutiques.
Les risques médicaux qui s'associent à la fécondation
in vitro sont en rapport avec l'utilisation d'une stimulation ovarienne.
Cela peut aboutir à la formation de kystes ovariens et d'un syndrome
d'hyperstimulation ovarienne qui est parfois suffisamment sévère
pour nécessiter une hospitalisation. Les grossesses multiples, l'accouchement
prématuré et les complications néonatales sont aussi
plus fréquentes. Bien que le taux de grossesses multiples graves
peut être réduit en limitant le nombre d'embryons transférés,
la possibilité de gémellité ou de grossesse triple
est de toute façon plus élevée qu'après chirurgie
de reconstruction. Le risque potentiel de cancer de l'ovaire qui résulte
de l'usage de médicaments profertilité a provoqué
une réflexion, mais aucune preuve de leur responsabilité
n'a pu être apportée.
COÛT DU TRAITEMENT
Le rapport coût efficacité de la
chirurgie de reconstruction et de la fécondation in vitro a été
évalué mais cette analyse est imprécise en l'absence
d'essais randomisés. Les résultats comparatifs montrent que
la chirurgie de reconstruction est moins chère que la fécondation
in vitro excepté lorsqu'il s'agit de lésions tubaires sévères.
Même si le taux de grossesse de la fécondation in vitro était
doublé, le coût par grossesse clinique demeurerait supérieur
à celui de la plupart des interventions de chirurgie reconstructrice.
CONCLUSION
Les couples qui ont une stérilité
tubaire ont donc deux options thérapeutiques pour obtenir une grossesse
et doivent choisir entre la chirurgie tubaire reconstructrive et la fécondation
in vitro. Il s'agit d'un progrès que grâce à la possibilité
de fécondation in vitro, la place de la chirurgie puisse être
mise en question et que la chirurgie dont le pronostic est le plus mauvais
puisse être évitée. C'est pourquoi, la fécondation
in vitro ne remplace pas la chirurgie mais s'avère être plutôt
complémentaire. Le plus important est la sélection des patientes
basée sur une évaluation précise de la sévérité,
de la localisation et de l'extension des lésions. Lorsque les conditions
sont favorables, la stérilité tubaire peut être traitée
par chirurgie reconstructrice. Lorsque les conditions ne sont pas favorables
ou en présence d'un risque accru de grossesse extra-utérine,
la stérilité tubaire peut être traitée par fécondation
in vitro. En pratique clinique, le processus de choix de l'une ou l'autre
des deux techniques doit prendre en compte d'autres facteurs tels que l'âge,
la durée de l'infertilité, le facteur masculin, l'acceptabilité
et les coûts.
Article original sur www.mnet.fr
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